Les usines de la mort
Le protocole de la conférence de Wannsee du 20 janvier 1942 enjoint de « passer l’Europe au peigne fin d’ouest en est » pour y traquer la population juive.
Conformément à cette instruction, l’Office central de la sécurité du Reich lance dès mars 1942 les déportations depuis la France. À partir d’août 1942, les autorités françaises transfèrent un grand nombre de Juives et Juifs de Gurs et des autres camps de la zone libre vers Drancy. De là, ils sont déportés à Auschwitz-Birkenau et Sobibor. Deux tiers des 75 000 Juives et Juifs déportés de France sont des étrangers. Seuls 2 500 en réchapperont.
Sobibor, à l’est de Lublin, n’est pas un camp au sens propre du terme, mais une usine de la mort. 180 000 Juives et Juifs y sont assassinés. Ce dessin de Joseph Richter porte au verso une inscription en polonais : « Une main à gauche des voies, après le passage d’un convoi vers Sobibor ». Selon diverses sources, les personnes enfermées tentent de s’évader par le fond des trains. Lorsqu’elles sautent du train en marche et atterrissent sur les voies, elles courent le risque d’être écrasées par ce même train.
Nous n’en savons pas plus sur la vie de l’artiste. Ses dessins sont découverts dans une ferme après la Libération. Il n’a probablement pas survécu.
Avant qu’une rampe ne soit construite sur le site d’Auschwitz-Birkenau en mai 1944, les trains s’arrêtent à l’extérieur du camp. Presque tous les convois – dont ceux de France – arrivent de nuit sur cette rampe. C’est là que se déroule le processus de sélection meurtrier, à l’issue duquel quelques rares personnes sont affectées au travail forcé, tandis que la plupart des déporté·e·s sont directement envoyés à la mort.
Contrairement à Joseph Richter, Alfred Kantor, un Juif tchèque, survit et commence immédiatement après la Libération à transcrire ses expériences en dessins.