Avant la déportation
En 1940, des Juives et Juifs vivent depuis 1620 ans sur le territoire qui constituera un jour l’Allemagne.
Au fil des siècles de coexistence, ils subissent des persécutions récurrentes. Au début du XXe siècle toutefois, la minorité juive fait partie intégrante de la société allemande. Puis, des années d’attaques quotidiennes haineuses, parfois violentes, brisent les liens tissés entre la population juive et leurs amies, voisin∙e∙s et collègues non juifs.
Après les boycotts des commerces, cabinets de médecins et d’avocats déclarés juifs en avril 1933, les organisations locales nazies accrochent des pancartes antisémites en de nombreux lieux du pays. La Chancellerie d’État du Bade exprime ses réserves, ainsi qu’en atteste ce document. Ce qui préoccupe le ministre-président n’est pas le contenu discriminatoire des panneaux, mais le mauvais effet qu’ils pourraient faire sur les touristes étrangers.
Après les boycotts des commerces, cabinets de médecins et d’avocats déclarés juifs en avril 1933, les organisations locales nazies accrochent des pancartes antisémites en de nombreux lieux du pays. La Chancellerie d’État du Bade exprime ses réserves, ainsi qu’en atteste ce document. Ce qui préoccupe le ministre-président n’est pas le contenu discriminatoire des panneaux, mais le mauvais effet qu’ils pourraient faire sur les touristes étrangers.
En 1933 débute en Allemagne un mouvement d’exode vers les États voisins. La situation empire en 1938. Lors d’une conférence organisée à Évian en France, les 32 États réunis ne parviennent pas à s’entendre pour accueillir un plus grand nombre de réfugié∙e∙s. La Pologne menace de déchoir de leur nationalité tou∙te∙s les ressortissant∙e∙s qui ont longuement séjourné à l’étranger. En réaction, le Reich expulse fin octobre 1938 plus de 17 000 Juives et Juifs en Pologne. Divers journaux français, dont L’Humanité, relaient ces brusques expulsions. L’article met en lumière à quel point il est difficile d’obtenir des informations fiables. L’« opération polonaise » est une sorte de répétition générale de la déportation à Gurs.
Après l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933, Anna Seghers est brièvement incarcérée par la Gestapo en raison de ses convictions communistes. L’écrivaine juive originaire de Mayence quitte l’Allemagne peu après sa libération. Elle fuit d’abord en Suisse, sans mari ni enfants. Mais son objectif est de se rendre à Paris, la « capitale des émigrants ». C’est là, en s’inspirant de ses propres épreuves, qu’elle commence à écrire le roman La Septième Croix, qui raconte une évasion d’un camp de concentration. En 1941-1942, elle rédige Transit, un roman empreint de son expérience d’exil au Mexique.